Le réconfort de printemps, il y a de l’ail nouveau dedans

par Darya

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Je pense avoir déjà évoqué ma passion pour les œufs sur ces pages (illustration ici, ici et ici). En fait, je suis obsédée par les œufs. Il y a ceux qui aiment le chocolat, le caviar, et qui sont prêts à faire des kilomètres pour le meilleur Paris-Brest du pays. Moi, c’est l’œuf. Si je m’écoutais, je ne mangerais que ça. Mais j’ai de la chance, le Grand déteste les œufs. Il a les œufs en horreur. L’œuf et lui, c’est le divorce consommé. Les jours où j’ai envie d’une bonne omelette avec une petite salade, je regrette ce petit détail qui nous sépare aussi radicalement, mais d’autres jours, je me dis que c’est pour le mieux, car j’évite ainsi l’œuf-verdose , et chaque fois que je mange un œuf, j’en profite et je savoure… en solitaire.

Samedi, les premiers aulx nouveaux sont arrivés sur les étals du marché. J’ai acheté trois petites têtes d’ail nouveau, à la tige ferme et odorante. L’ail nouveau est une chose merveilleuse, malheureusement, il ne se conserve pas éternellement, je dirais même qu’il ne faut pas dépasser une semaine, en le plaçant dans le bac à légumes du réfrigérateur (c’est un primeur après tout). Alors quand on en achète, on en rôtit, on en confit, et on en soupe (ou on le congèle, mais c’est dommage). J’ai découvert l’ail nouveau par hasard, lorsque le Grand, envoyé au marché acheter une tête d’ail, est rentré avec une botte de cinq têtes d’ail nouveau et une question : « pourquoi était-ce si cher ? » (ma réponse : « tu t’es fait avoir par le maraîcher »). Je devais donc utiliser au plus vite cinq têtes d’ail, et j’en ai immédiatement fait un velouté. Plus tard, j’ai préparé une soupe à l’ail nouveau, au safran et au vin blanc, trouvée dans Plenty de Yotam Ottolenghi. J’ai pour projet d’essayer le Tourin blanchi, une spécialité périgourdine à base d’ail nouveau et d’œuf. L’ail nouveau a un goût plus doux et délicat que l’ail séché traditionnel, il n’a pas besoin d’être dégermé (il n’a pas encore de germe), et il est donc plus digeste.

J’en viens donc à mon « [petit] déjeuner pour températures froides de début de printemps ».  Il s’agit d’un bouillon de volaille maison, aromatisé à la sauge et à l’ail nouveau, parsemé de persil frais et agrémenté d’une tranche de pain de la veille, d’œuf poché et d’un peu de parmesan. Vous me direz que je ne suis pas difficile, mais je peux vous avouer que, malgré ma solitude, j’ai savouré ce déjeuner délicieux. Délicatement parfumé. Léger mais réconfortant. Parfait.

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Ingrédients (pour une personne, aka, moi-même). La recette est inspirée d’une recette d’Alice Waters, trouvée dans The Art of Simple Food.

– 250 ml de bouillon de volaille ou de légumes (fait maison)
– Une feuille ou deux de sauge (je n’avais pas de sauge fraîche, j’ai donc utilisé la sauge séchée du jardin de mes parents), facultatif
– 2-3 petites gousses d’ail nouveau, pelées et coupées en tranches fines (si vous utilisez de l’ail séché, ôtez d’abord le germe et diminuez les quantités, il est plus fort en goût)
– Une poignée de persil plat, finement haché
– Une tranche de pain de la veille (la tranche doit être légèrement plus petite que votre bol)
– 1 c. à soupe d’huile d’olive
– Du sel, du poivre

– 1 œuf
– Un peu de vinaigre blanc pour le pochage

– 1 c. à soupe bombée de parmesan fraîchement râpé (facultatif)

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Recette

– Dans un bol, poser le morceau de pain et verser l’huile d’olive dessus en filet.

– Commencer par faire pocher l’œuf. Casser l’œuf dans un petit récipient en veillant à maintenir le jaune intact. Dans une casserole, porter de l’eau à ébullition, ajouter une cuiller à café (environ) de vinaigre, et créer un tourbillon d’eau avec une cuiller. Verser l’œuf dans l’eau, couvrir et laisser pocher 2 minutes à feu doux (pour un œuf poché, il faut généralement compter 3 minutes, mais ici l’œuf finira de pocher dans le bouillon). Avec une écumoire, sortir l’œuf et l’égoutter sur une feuille de papier absorbant. Puis poser l’œuf sur le morceau de pain et parsemer de parmesan (si souhaité). Parsemer généreusement de persil haché. Poivrer.

– Préparer le bouillon. Dans une petite casserole, verser le bouillon et la sauge (si souhaité). Dès que l’eau frémit, ôter la sauge (qui peut prendre un goût amer si on la cuit trop longtemps, surtout si la sauge est fraîche). Dès que l’eau bout, ajouter un peu de sel et l’ail tranché. Cuire cinq minutes à frémissements. Verser le bouillon chaud dans le bol, sur le pain, l’œuf et les garnitures.

– S’extasier.

Bon appétit !

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The English speaking corner

Springtime comfort: Green garlic broth for a cold day

I think I have already mentioned my passion for eggs (here, here, and here). Some people like chocolate, or caviar, and some are ready to travel across the country for the best Paris-Brest (Some choux-pastry lovers out there might want to check out this place on their next trip to Paris). Well, I guess it is easy to make me happy, since my obsession is eggs. Fortunately, P. hates eggs. He abhors eggs. Eggs and P. are at war. And a violent war it is. When I crave a nice omelet with a salad, I regret that such a small detail sets us so radically apart (just kidding), but when I come to think of it, I think it is for the best: thanks to P., I avoid egg-erdose, and this way, I will never get sick of eggs, and when I do eat eggs (which happens nonetheless quite often), I always enjoy and savor them… albeit on my own.

On Saturday, the first spring green garlic appeared at the market. Spring garlic is a wonderful thing, unfortunately, it doesn’t keep for very long (I would say, up to a week in the crisper box of the refrigerator). So when you get your hands on green garlic, you roast, you preserve, you freeze (a pity), and you make soup. I discovered green garlic by chance a couple of years ago, when I sent P. to the market to get one head of garlic, and he returned with five heads of green garlic, and a question: « why was it so expensive? » (I answered: « the grocer tricked you into getting the more expensive ingredient »). I had no idea how to use up five heads of garlic in less than a week, and that is when I discovered fresh garlic soups. I started with a delicious cream of garlic soup. Then, more recently, I tried out Ottolenghi’s garlic soup with safran and white wine (from Plenty), and I am planning on trying out the Tourin blanchi from Périgord some time soon. Fresh green garlic is milder and more delicate than the traditional dried garlic, it needn’t be « de-germed » (it doesn’t have a germ yet), which makes it easier to digest. Which brings me to my « early spring comforting lunch [or breakfast] broth ». It is a home-made chicken broth, flavored with sage, sprinkled with parsley, and poured over a piece of bread, a poached egg, and a little parmesan cheese. You might think I am easily satisfied if such a simple lunch (or breakfast) can make me happy, but, despite my solitude, I relished this simple meal. Delicately garlicky. Light and yet comforting. Perfect.

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Ingredients (serves my one and only self). The recipe is inspired by an Alice Waters recipe in The Art of Simple Food.

– 1 cup (250 ml) home-made chicken or vegetable broth
– Sage, a leaf or two (I used my parents’ garden dried sage), optional
– 2-3 spring garlic cloves, peeled and thinly sliced (if using regular garlic, use less and remove the germ)
– A generous handful chopped parsley
– 1 Tbsp olive oil
– 1 piece yesterday’s bread (it should fit inside the bowl you will be serving the broth in)
– Salt and pepper

– 1 egg
– 1 tsp vinegar, for poaching

– 1 heaping Tbsp freshly grated parmesan (optional)

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Recipe

– Place the stale bread in a bowl and drizzle with olive oil.

– Start by poaching the egg. Break the egg in a small bowl, keeping the yolk intact. Bring a pot of water to the boil, add a teaspoon of vinegar, create a swirl of water with a spoon, add the egg, cover and poach for 2 minutes on low heat (I usually poach eggs for 3 minutes, but the egg will finish poaching in the hot broth). Remove using a slotted spoon, and pat dry with a kitchen towel. Place the egg on the piece of bread, sprinkle with pepper, parmesan and a generous amount of chopped fresh parsley.

– Prepare the broth. Place the broth and sage in a small pan. Bring to the simmer and remove the sage. Bring to the boil and add the garlic and a little salt. Simmer for five minutes. Pour the broth, along with the garlic, over the bread-eggs-parmesan-and-parsley.

– Smile.

Bon  appétit!

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